Bilbao Mini Maker Faire 2014
Suite à la visite des membres du fablab itinérant BioBX en avril au MIPS, nous étions invités à découvrir l'un des événements les plus importants du secteur, la Bilbao Mini Maker Faire.
Rien que le flyer est déjà très original puisqu'il intègre un petit montage à faire soi-même pour allumer une petite diode :
Le flyer en question :
Après un voyage sans histoire, nous arrivons à l'ancienne fabrique de biscuits de Bilbao qui a été reconvertie en lieu ouvert. Elle se situe au bord de l'eau sur une presqu'île qui rassemble un grand nombre de hangars à l'abandon.
Dans le premier hall par lequel nous arrivons se trouvent une trentaine de stands très divers tenus par des associations, des entreprises, des collectifs d'artistes… Chacun de ces stands est matérialisé par une bannière en carton dans laquelle le nom de l'exposant est découpé au laser.
Dans le désordre, nous avons pu y voir :
Un robot commandé à distance par les pieds des utilisateurs. Il peut lever ses pinces et diffuser des sons, mais en raison du bruit ambiant, impossible d'entendre quoi que ce soit.
Des instruments de musique fabriqué à base de matériaux de récupération. Certains sont électrifiés, ça envoie du gros son !
Des petits carnets de prise de note dont la couverture est réalisée à l'aide de vieilles disquettes recyclées. J'avais déjà vu l'idée sur le site Instructables. Sur le même stand, des dizaines de personnages fabriqués à l'aide de petite pièces de plastiques colorées cylindriques, ce qui donne un effet « pixel art » - ce qui est le nom du stand : « Retro Pixeleadores ».
Un revendeur d'imprimantes 3D propose 2 modèles sur son stand : l'un est assez classique, basé sur la RepRap, l'autre a subi une adaptation assez bluffante, la tête d'extrusion est remplacée par une seringue. Dans cette seringue, une bonne grosse dose de… purée en flocons rendue orange grâce à un colorant alimentaire. Ainsi il est possible d'imprimer en 3D avec une matière première qui reste comestible après la fabrication. Un modèle en chocolat était aussi visible sur ce stand.
À noter qu'il proposent des stages de 3 jours pour assembler sa propre RepRap pour 990€ tout compris.
Les membres de BioBX étaient là eux aussi. Sur leur stand, le « Cliché Invaders » : un clone de Space invaders où le joueur contrôle son petit vaisseau avec les pieds et tire en tapant dans les mains. Le but ? Détruire les clichés liés à la ville de Bordeaux comme des bouteilles de vin et des camemberts.
Autre installation, le « Travelling by phone » permet de revivre leur trajet entre Bilbao et Bordeaux en changeant de caméra ou en ajoutant des effets sur l'image en temps réel.
Enfin, ils proposaient une présentation d'objets imprimés en 3D, notamment des petites boîtes très ingénieuses dont le fond est constitué de portraits imprimés en plastique et qui retrouvent leur contraste lorsqu'on les regarde face à une source lumineuse (regardez donc la photo, c'est plus facile à comprendre avec une image qu'à décrire par écrit).
Juste à côté, une installation assez imposante proposée par TheLumenEffect à base de jerricans et de tuyaux en plastique permettait de jouer des notes de musique en interrompant le filet d'eau avec les doigts. Plus tard, la même installation était couplée à flash lumineux colorés.
Encore un stand d'imprimantes 3D, la marque Tumaker cette fois. Nous avons pu découvrir des objets souples imprimés grâce à un filament particulier, le Filaflex. Il y avait aussi des maquettes de maisons ou de monuments très détaillés.
Et hop, au suivant : un stand avec des… imprimantes 3D ! Cette fois, c'est la marque Leon3D. En plus de proposer des imprimantes, ils faisaient la promotion d'une laque se substituant au film de kapton sur le plateau chauffant. Il suffit d'ajouter un plateau de verre sur le plateau chauffant, de l'enduire de laque et l'impression peut commencer (nous avons vu plus tard des bricoleurs utiliser simplement de la laque pour les cheveux).
Cooking Hacks est historiquement le tout premier importateur d'Arduino en Espagne. Ils proposent toute une gamme de « shields » à ajouter sur une carte Arduino classique : GPS, 3G, Wifi, Bluetooth, RS232 (port série)… Mais les 2 produits les plus intéressants sur leur stand sont sans aucun doute :
- le « Raspberry Pi to Arduino Shields Connection Bridge » qui se connecte sur un Raspberry Pi et permet de réutiliser du code de projets Arduino avec un simple copier/coller
- La valisette e-Health qui permet à un athlète ou un être humain dans un environnement hostile de contrôler en temps réel différents paramètres relatifs à sa santé grâce à une batterie de capteurs (pouls, saturation pulsée en oxygène, glycémie, électrocardiogramme, température…)
Surprise sur le stand de Leartiker Polymer R&D, il nous est proposé de repartir avec un échantillon de filament ABS gratuit. Malheureusement ils n'avaient que du 3mm de diamètre à nous proposer, dommage. Ceci dit, c'est intéressant de savoir que des fabricants de filament se trouvent à 2h de route du fablab.
Le stand suivant suscitera l'intérêt des marcheurs et coureurs. Il propose de numériser sa voûte plantaire pour réaliser des semelles imprimées en 3D parfaitement adaptées à la forme du pied. On pouvait aussi voir sur ce stand un vélo au cadre en bois et des makilas.
Sur le stand d'Ultra Ordinaire, un collectif d'artistes venus de Toulouse, on pouvait apprécier le résultat de leurs expérimentations visant à reproduire des textures issues du monde réel à l'aide de plastique imprimé en 3D. Par ailleurs, ils lançaient leur tout premier robot : un kit très simple permettant de fabriquer un robot qui s'agite et qui s'allume et que l'on peut « habiller » à volonté simplement en imprimant le gabarit sur du papier qui sera ensuite peint, colorié et découpé pour revêtir la carcasse du robot.
Dans un coin, un salon construit avec du mobilier en carton ou en imprimé en 3D, où trônait une imprimante 3D .. assez flashy !
Nous arrivons ensuite sur un stand recouvert de drones tous plus impressionnants les uns que les autres. Ils prennent la forme d'avions radiocommandés, de quadrimoteurs ou d'hexamoteurs. L'un d'entre eux, assez petit et basé sur un module Arduino semble assez facile à réaliser. Les hélices sortent d'une imprimante 3D et le boîtier a clairement été découpé au laser. Renseignement pris, les infos seront disponibles d'ici quelques jours sur le site de Fablab Asturias.
C'est l'université d'Oviedo qui expose sur le stand suivant. Il proposent une formation d'une année (universitaire Octobre à Mai) pour devenir titulaire d'un diplôme d'expert en impression 3D. Ça coûte 2750 € et vous trouverez les infos sur cette page.
Vers 13h30, il est l'heure de se restaurer. Un espace était prévu à cet effet avec salades, sandwiches et entremets maison. Les tables sont simplement des gros tourets en bois et les banquettes sont fabriquées avec des palettes recyclées. Nous en profitons pour nous connecter sur le canal IRC du MIPS et pour gazouiller grâce au wifi ouvert. L'espace restauration étant également très « do it yourself » dans l'esprit, il faut jeter ses déchêts à la poubelle et laisser les lieux encore plus propres qu'on les a trouvés.
Avant de se diriger vers le second hall, une étrange exposition nous attire. Ce sont des oeufs murmurant, parlant de manière incompréhensible ou criant : « Gallinero», c'est à dire « le poulailler » en français. Il s'agit de projection vidéos.
Il est temps de s'attaquer au deuxième hall. Pour cela, il faut passer par une très longue allée couverte où se trouve le stand Repparts3d. L'un des exposants fait voler un petit drone enfermé dans une cage en plastique souple, ainsi en cas de collision ou de chute l'appareil ne risque rien. Il peut même « rouler », en quelques sortes, sur le sol. Sur ce stand, (où se trouve une machine à pop corn, qui est distribué généreusement et gratuitement) nous sommes surpris de découvrir un objet imprimé en 3D parfaitement lisse. L'exposant nous a expliqué sa technique : plonger l'objet en ABS environ 15 minute dans un bain d'acétone chauffé permet de faire fondre sa surface et de lui sonner ainsi un aspect lisse et brillant. Un article plus complet ici.
ATTENTION : ne pas reproduire cette méthode au sein du MIPS, cela doit être fait en plein air !
Nous en profitons au passage pour découvrir la salle où ont lieu les conférences. Très belle, très lumineuse avec une vieille machine d'imprimerie qui traîne dans un coin. Dommage que le vidéoprojecteur ne dispose que d'un tout petit espace au mur et que les intervenants ne soient pas sonorisés.
Le deuxième hall est plus petit que le premier, il n'en est pas moins intéressant.
On commence avec un stand qui propose des guitares fabriquées à base d'objets insolites : bidons d'huile, boîtes de cigares et… lunettes de WC. Nous aurons même droit à une petit démo très rock'n'roll. Bien qu'elle soient très originales dans l'apparence, elles n'en demeurent pas moins de superbes instruments de musique.
Juste à côté, une association dédiée aux jeunes propose des « camps technologiques », des colonies de vacances où les enfants vont s'amuser avec de l'Arduino, des Legos Mindtorm, Scratch, Minecraft… Veinards !
Un peu plus loin, de la laine et du tricot à profusion. Un vélo est même recouvert de laine.
En face, des bricoleuses réemploient des toiles de parapluies pour fabriquer des sacs ou divers matériaux de récupérations pour en faire des accessoires de mode.
Dans le même secteur, un stand expose des créations très « steampunk » à base de matériaux recyclés (boîtes de sardines… etc.).
Une fois de retour dans la salle de conférence, nous avons suivi les 3/4 de celle qui était consacrée à l'internet des objets. Le conférencier (l'archétype du gros libriste barbu, comme quoi les clichés ont la vie dure!) intervenait en espagnol. Sur ses diapos on pouvait lire pas mal d'infos intéressantes, notamment le fait que le nombre d'objets connectés croit plus vite que la population humaine. Il a aussi mentionné l'existence d'un projet artistique parodique basé sur des grilles-pain connectés. Tant que le propriétaire fait griller du pain de manière quasi-quotidienne, le grille-pain est heureux. Mais si le propriétaire l'utilise moins souvent, le grille-pain devient malheureux, il commence à envoyer des mails à son propriétaire pour lui rappeler son existence. Si le propriétaire n'en tient pas compte, le grille-pain va utiliser le carnet d'adresse pour spammer ses contacts et signaler combien il est maltraité.
J'ai aussi retenu une question posée par cette conférence : par nature, les objets connectés ne mentent pas, mais veut-on vraiment qu'ils disent toujours la vérité ?
Pour terminer l'après-midi, nous avons découvert la vraie salle du fablab Bilbao Makers, au deuxième étage de l'usine. Il sont plutôt bien équipés : énorme tour, fraiseuse à commande numérique, mobilier adapté au bricolage…
Dans cette salle, nous avons d'abord eu droit à un atelier light mapping, ou comment arriver à paramétrer un objet pour ensuite pouvoir projeter dessus des jeux de lumière grâce à un vidéoprojecteur. Avec beaucoup de travail on peut arriver à ce type de résultat.
Ensuite nous avons enchaîné avec un atelier scan 3D pour apprendre à numériser un être humain grandeur nature pour ensuite l'imprimer en 3D en version modèle réduit. Les démonstrateurs ont utilisé un simple Kinect avec le logiciel Skanect. C'est bluffant de simplicité, il faut juste faire preuve de patience et ne pas vouloir aller trop vite.
De l'autre côté de la pièce, une démonstration d'arduino à eu lieu.
Après cette journée bien remplie, nous avons repris la route pour rentrer à Pau. Toutes les docs que nous avons pu récupérer seront déposées au MIPS. Nous avons aussi décollé deux affiches (petit format, état moyen) dans la rue pour assurer la déco dans le fablab.
De nombreuses photos sont disponibles sur la galerie d'Antoine : http://photos.van-elstraete.net/